Ce que je compte écrire n’est pas une thèse en la matière, tout juste un rassemblement d’impressions données par mes lectures et mes propres expériences.
Le rapport entre la dive bouteille et l’homme de mer est proverbialement bon. Au beau fixe même. Et pourtant…votre serviteur a appris la voile avec un vieux loup de mer qui se faisait une fierté d’être sec comme l’Amérique de la Prohibition. Pas une goutte ! Question de goût d’abord (pour ce qui le concernait), puis de sécurité bien sûr. Nul besoin de rappeler les dangers que l’on peut être pour soi, les autres et le bateau lorsque l’on est satellisé.
Bref, cela a donné le « la » de ma carrière marine.
Aux stages embarqués effectués à l’école de voile des Glénans, un bon quart (pour ne pas dire un tiers) du budget d’avitaillement était dédié à l’alcool…ce qui fait beaucoup. Cela promettait, pour moi, bleu des mers.
Néanmoins, sous la houlette de nos (raisonnables) monos, on n’a jamais eu à souffrir de conséquence d’excès de consommation. Une bière le soir au port, après 40 exercices de virement de bord, ne semblait pas volée…
Mais que nous disent quelques témoins de l’Histoire ?
En visitant le Victory, navire où l’amiral Nelson remporta la fameuse bataille de Trafalgar (tout en y laissant sa peau), le guide nous dit (de mémoire) que le marin du bord avait droit à une ration quotidienne pouvant aller jusqu’à 3 litres de bière. Un peu de vin et d’eau-de-vie pouvaient épisodiquement rallonger ces quantités. Ils étaient 800 à bord.
Cela peut paraître gargantuesque. Cependant, on peut tempérer sans doute en s’imaginant que la bière de l’époque devait être moins alcoolisée qu’aujourd’hui et que le service y trouvait son avantage dans le fait que cela rehaussait le moral des hommes, étant donné leurs dures conditions de vie, serrés comme des sardines dans cet imposant bâtiment.
Plus tard dans le siècle, en 1881 sur La Flore, Maurice Rollet de l’Isle note que les marins préfèrent finir aux fers que de perdre leur quart de vin (26 cl à chaque repas) :
« Les hommes ne craignent nullement de passer une ou deux nuits dans cette position humiliante (ndlr : être mis aux fers ) et ils trouvent certainement beaucoup plus ennuyeuse l’autre punition qu’entraîne celle-ci c’est-à-dire la suppression du quart de vin. »
Mêmes raisons sans doute…
Chez les corsaires, l’usage semble moins contrôlé par la hiérarchie.
Woodes Rogers, corsaire anglais du début du XVIIIe siècle, note que ses hommes préfèrent de loin faire le plein d’eau-de-vie que s’acheter des vêtements chauds en prévision du passage du cap Horn…qu’ils passèrent sains(?) et saufs.
Pour Jean Doublet (encore lui !), les conséquences de l’alcoolisme de l’équipage ont été plus dramatiques. Ancré devant Madère, il part à terre pour superviser un chargement de marchandises, quand un brusque forcissement du vent fait déraper son navire. L’équipage est trop saoul pour faire quoique ce soit et le bateau partit se fracasser sur des rochers, emportant avec lui les fautifs.
Voilà qui prouve que si marin et alcool s’entendent bien, il n’en va pas de même pour la pratique de la mer et la boisson, les conséquences pouvant être bien aléatoires. Mieux vaut attendre d’être sur le plancher des vaches pour se jeter dans le tonneau.
Qu’en déduire ?
Sans doute un plaidoyer pour la modération dans la consommation, doublé pour ma part d’une recommandation de sobriété complète quand on est en mer (ce que le dessin ci-dessous ne démontre pas…mais ils sont à terre !).
Des nouvelles des livres déjà sortis :
-Doublet et Bouton ne sont pas encore complètement référencés auprès de la grande distribution (Amazon, Fnac, Decitre, Chapitre, Place des Libraires, etc.). Cela prendra encore un peu de temps, mais les titres sont déjà disponibles sur certains de ces sites.
Le parcours qu’impose Books On Demand (mon fabricant) pour commander les livres chez eux (via mon site) étant un peu fastidieux, j’étudie une meilleure solution avec eux pour que ça puisse aller plus vite et être plus simple pour les lecteurs.
-Raveneau est désormais disponible en version e-book et papier. Le référencement auprès de la grande distribution avance patiemment.
Ces exercices de patience face aux intermédiaires semblent de toute manière être le lot de tous éditeurs qui démarrent.
Des nouvelles de ceux en cours de préparation :
-Cortés avance très bien. On devrait avoir une version quasi finale pour la fin du mois. Pour m’aider à faire un ouvrage percutant et aux illustrations bien choisies, je me fais épauler par Terry David (https://twitter.com/TerrArkeo), étudiant en seconde année de master en archéologie précolombienne (spécialité Mésoamérique et Mayas).
-Alban Lannéhoa (https://twitter.com/AmureTribord) m’a indiqué un beau et intéressant manuscrit de Maurice Rollet de l’Isle (inédit!), relatant son parcours à bord de la frégate mixte La Flore. Il a fait un extraordinaire travail de transcription et a choisi les Editions Voilier Rouge pour le publier. L’ouvrage devrait voir le jour début 2023.
Il travaille également sur une monographie relatant l’histoire de ce même bâtiment, et qui devrait sortir courant 2023.
-Un autre ouvrage sur les circumnavigations commerciales françaises au début du XVIIIe siècle, basé sur le journal de bord d’un chirurgien est également à l’étude.
-L’amiral Cockburn patiente.
Bref, du pain sur la planche et pages en préparation.